Musée d'Orsay
Tarif unique
31,00 €
Légendes et crédits photos :
Conrad Martens, Le HMS Beagle dans les eaux de la Terre de Feu, peinture réalisée durant Le Voyage du Beagle (1831-1836), provenant de The Illustrated Origin of Species de Charles Darwin illustré par Richard Leakey
Nombreuses, les découvertes scientifiques qui ponctuent le XIXème siècle bouleversent la conception qu'avaient les européens de l'humanité. Qu'il s'agisse des explorateurs, tel Humboldt, qui rapportent de leurs périples des espèces animales et végétales inconnues ; des géologues, qui étudient l'histoire de la planète par le biais des couches terrestres ; ou des photographes, qui parviennent à capturer avec leurs nouveaux appareils l'infiniment grand comme l'infiniment petit, tous sapent l'idée d'une création divine au profit de phénomènes naturels, explicables scientifiquement. L'accumulation de ces découvertes finit par interroger le statut même de l'homme : ce dernier prend conscience de l'Autre, à la fois de celui qui vit ailleurs sur la Terre, et de celui qui a vécu plusieurs siècles (ou parfois plusieurs millénaires) auparavant. Un véritable engouement naît alors pour l'époque préhistorique, que traduit la présentation de dinosaures au Crystal Palace en 1854 et que des artistes comme Frémiet ou Cormon (avec la toile Caïn, de 1880) mettent en scène. Tous ne sont pourtant pas prêts à admettre que les humains descendent du singe ainsi que le présente Darwin dans L'origine des espèces (1859) ou dans La descendance de l'Homme (1871) puisque l'accepter reviendrait à reconnaître que l'homme comporte une part d'animalité. Résultant d'une collaboration entre le Museum d'Histoire Naturelle de Paris, le musée d'Orsay et le musée des Beaux-Arts du Canada, cette exposition souligne combien les débats scientifiques qui font rage, en particulier dans la presse, entraînent un flot de divagations et d'exubérances chez les artistes de l'époque. En effet, quoi de plus inquiétant que ces remises en cause qui se conjuguent jusqu'à renverser les postulats admis depuis des siècles ? Les deux mouvements de la fin du XIXème siècle que sont l'Art Nouveau et le Symbolisme, empreints de cet imaginaire fantastique, s'attachent tout particulièrement aux dérivations que permettent les concepts de génétique et d'évolution des espèces : jaillissent alors autant de monstres et créatures hybrides. Résolument pluridisciplinaire, l'exposition engage de manière à peine voilée à une réflexion écologique sur l'écosystème terrien.