Anselm Kiefer

Peintre emblématique du renouveau artistique allemand, Anselm Kiefer a su trouver dans l'art un exutoire lui permettant d'exprimer son histoire troublée au travers de compositions monumentales. 

Le Centre Pompidou trace un parcours faisant peu à peu entrer le spectateur dans l'histoire mythique et chaotique de l'artiste, où se bousculent ses démons mais aussi ceux d'une Allemagne traumatisée. Les thèmes de la violence, la destruction et le nazisme sont récurrents et se trouvent liés dans une peinture extrêmement épaisse, à la matière foisonnante et aux dessins saccadés. A ces grands formats succèdent des vitrines et installations, comme des microcosmes laissant transparaitre les discours de l'artiste. Des œuvres d'une grande violence que le Centre Pompidou réussit pourtant à atténuer grâce à sa mise en scène très aérée, propice à la contemplation et au recueillement, qui sera au cœur de la visite guidée.  

Pour en savoir plus : 

Au travers d’un vaste parcours, le Centre Pompidou offre une vue d’ensemble de l’œuvre d’Anselm Kiefer. Né en Allemagne en 1945, l’artiste commence sa vie dans une période sombre et difficile pour l’Allemagne. Profondément marqué par le passé de son pays, il se met en scène dès le début de sa carrière dans des photographies à la symbolique et au visuel marquant. Seul dans différents paysages, portant l’uniforme de la Werhmacht de son père, il fixe le spectateur tout en faisant le salut nazi. Une œuvre qui met mal à l’aise, nous force à voir ce que nous voulons oublier : une œuvre se faisant mémoire collective. Rappelant à la fois son histoire personnelle et celle de toute l’Europe, il se place entre l’histoire et le spectateur, dans des œuvres troublantes et dérangeantes. Ces «occupations» comme il se plait à les appeler sont alors vécues par le spectateur comme une mise à mal de notre éloignement, plaçant les crimes de la guerre face à notre regard. Notre visite guidée s'attardera donc sur ces thématiques et ces œuvres marquantes, plaçant l'art comme le témoin d'une mémoire collective. 

La visite guidée suit un parcours sur une dizaine de salles, autour de plus de 150 œuvres : photographies, installations et peintures gigantesques. Une œuvre centrée sur des thèmes récurrents, oppressante tant par l’épaisseur de la peinture que par les tons ternis et épais, qui se finit pourtant sur un usage de la couleur. Le passage de la guerre aux toiles fleuries pourrait nous interroger sur un changement soudain dans l’œuvre de Kiefer, pourtant, la fin ne pourrait être totalement heureuse, comme le laissent sous entendre les tombes qui ponctuent sa dernière installation. Littérature, mythologie et poésie sont autant de thèmes qui infusent et se déploient dans ses œuvres : comme le souligne le serpent mythologique revenant en filigrane dans ses toiles.