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On l'attend - L'exposition Napoléon !

Personnage complexe au destin invraisemblable qui fut tout à la fois controversé et admiré, victorieux et défait, Napoléon, qu'on l'aime ou non, n'en reste pas moins l'une des grandes figures de l'Histoire de France. Et en cette année marquant le bicentenaire de sa mort, la Villette, en partenariat avec la RMN - Grand Palais, nous concocte l'une des expositions les plus attendues de la réouverture (que l'on espère de pieds très fermes). L'exposition Napoléon présentera des oeuvres majeures ainsi que des pièces rares de mobilier, et aura vocation à mieux faire comprendre certes le bonhomme, mais également toute cette époque si particulière, ce moment de bascule entre un monde d’avant et un monde d’après (tiens tiens, comme c'est d'actualité), que ce soit sur le plan politique, sociétal, juridique ou économique. Après la mastodonte Toutankhamon en 2019, et surtout après cette année et demie plutôt vide, nous attendons bien-entendu avec impatience d'y faire des visites guidées ! Mais à quoi s'attendre ? Afin de vous faire un peu patienter avant le moment béni de pourvoir enfin franchir les portes des musées, nous vous donnons un petit aperçu de l'exposition. 

Tout d'abord quelques repères de chronologie. Commençons avec le commencement :Napoléon Bonaparte nait à Ajaccio le 15 aout 1769 en Corse (ce jour deviendra par la suite la "Saint Napoléon", soit la fête nationale, car le monsieur avait un tout petit ego), il est le deuxième fils d'une famille de huit enfants. 

En 1789, vous vous en doutez, la Révolution française commence et le 14 juillet le symbole du pouvoir monarchique absolu, la prison de la Bastille, tombe. Quelques temps plus tard, en 1796, le jeune Bonaparte, alors général, prend le commandement de "l'armée d'Italie" qui combat les Autrichiens, et il remporte à cette occasion de grandes victoires qui lui valent une forte popularité, et surtout de prendre, deux ans plus tard, la tête de l'expédition d'Egypte. Sans perdre de temps, en 1799, il réalise le célèbre coup d'Etat du 18 Brumaire, qui renverse le Directoire et instaure le Consulat. Devinez qui est le premier consul... Napoléon Bonaparte himself (toujours ce petit ego), fraîchement trentenaire. En moins de 5 ans, en 1804, Bonaparte a réformé la France de manière assez considérable. Une fois lancé plus rien ne l'arrête, et le Sénat le proclame empereur des Français, une décision qui sera d'ailleurs, enfin paraît-il, confirmée par un vote populaire. Il est alors sacré à la cathédrale Notre-Dame de Paris le 2 décembre, en présence du pape. Puis en 1805, le jeune empereur affronte les armées autrichiennes et russes à la bataille d'Austerlitz (ah, d'ailleurs, préparez-vous à réaliser que l'histoire de l'urbanisme parisien est une histoire de l'ère napoléonienne, nous allons croiser beaucoup de futurs noms de rues, avenues etc). Avec une stratégie assez audacieuse, il met en déroute ses ennemis pourtant plus nombreux.

En 1807, il gagne la bataille de Friedland le 14 juin contre l'armée du tsar Alexandre. La Russie alors vaincue (mais pas pour très longtemps) est obligée de signer un traité de paix. L'Empereur est alors le maître de la plus grande partie de l'Europe... Et ne s'arrête pas là car en 1812, le tsar ne respectant pas les termes du traité, Napoléon envahit ni une ni deux la Russie, à la tête d'une armée gigantesque. Mais il déchante rapidement et ne parvient pas à affronter l’armée russe qui l’attire de plus en plus loin. L’empereur se voit obligé de battre en retrait malgré la prise de Moscou... C'est la Bérézina (si vous aussi un jour vos parents sont entrés dans votre chambre en criant "Mais c'est la bérézina ici!", vous savez maintenant qu'en fait ils vous faisaient un cours d'histoire), en d'autres termes c'est un désastre.

En 1814, après avoir vaillamment combattu les Prussiens, les Autrichiens et les Russes, Napoléon abdique à Fontainebleau le 11 avril. Et part en exil sur l'île d'Elbe, mais son exil est de courte durée car il redébarque en France en mars 1815 et chasse celui qui avait osé lui succéder sur le trône, Louis XVIII. Mais rebelote après sa défaite à Waterloo (la bataille, pas la chanson de chanteurs suédois en costumes à paillettes) le 18 juin, il est contraint à un nouvel exil, définitif celui-là,sur l'île de Sainte-Hélène. Le 5 mai 1821, à 17h49 précises, Napoléon meurt à Longwood (sur l’île de Sainte-Hélène). 

 

Bon, maintenant que les bases sont posées, entrons plus en détail dans l'exposition, qui s'articulera autour des parties suivantes: les années d’apprentissage au collège militaire de Brienne ; les campagnes d’Italie (1796) et d’Égypte (1799) ; le coup d’État du 18 brumaire et le Consulat ; l’avènement de l’Empire ; Napoléon intime, ses femmes, Joséphine puis Marie-Louise, son fils légitime, le roi de Rome ; Napoléon, le chef de guerre ; Napoléon et l’Europe, à la tête de laquelle il place ses sœurs et frères ; le déclin de l’Empire, illustré par deux échecs militaires, la campagne d’Espagne (1808) et la campagne de Russie (1812) ; les Cent jours et sa chute définitive après la bataille de Waterloo. Un parcours donc chrono-thématique, entrcoupé de reconstitutions comme celles évoquant les arts et la vie de cour d'une époque de 15 ans qui marquera profondément les arts décoratifs. Du mobilier et des objets d'art seront également présentés, comme ceux créés au retour de la campagne d'Egypte, tandis qu'un salon mettra en avant l'évolution du style à l'apogée de l'Empire. Nous aurons droit à une salle du trône à côté d'une table dressée des plus riches productions. Ces espaces seront complétés par des vêtements de cour, des armes de luxe, des décorations, des porcelaines de Sèvres, des pièces d’orfèvrerie, jusqu’à une monumentale voiture commandée pour son mariage avec Marie-Louise ainsi que le char funéraire de ses obsèques à Sainte-Hélène. N'en jetez plus ! Nous pourrons également voir des objets personnels de Napoléon, et la belle tente de campagne avec son mobilier d'origine, ainsi que de nombreux artefacts évoquant la guerre et des tableaux et sculptures des grands artistes de l'époque comme David, Gros ou Gérard. 

 

Si l'on plonge dans le parcours des salles, nous commençons par la première partie: Brienne (1779-1784) et ses années qui sont celles de la construction d'un caractère, travailleur et déterminé qui servira une énergie incroyable au service de son ambition. Puis la seconde partie, "Un soldat de la Révolution" (1795-1799) montrera comment Napoléon, comme beaucoup d'autres, a profité du contexte révolutionnaire pour engager une carrière fulgurante. En effet, les démissions et renvois des aristocrates de l’armée ont permis la promotion de jeunes généraux. Napoléon n'y coupe pas, et devient général de brigade à seulement vingt-quatre ans, après un coup d’éclat stratégique lors du siège de la ville de Toulon. Il se distingue à nouveau auprès du Directoire à l’occasion d’une révolte de partisans royalistes qu'il réprime, et en récompense il se voit confier le commandement de l’armée d’Italie. Là encore, c'est un succès, ce qui lui vaut un nouveau commandement, celui de l’armée d’Orient, à la tête de laquelle il mène la campagne d’Égypte, où il subira  par contre de nombreuses déconvenues.

 

Petit point sur la campagne d'Egypte. En mai 1798, Bonaparte part donc pour le pays des pharaons avec 40 000 hommes et un objectif de couper la route commerciale des Indes aux Anglais, contre lesquels la toute jeune République française est en guerre. Les Français remportent plusieurs batailles, s’installent au Caire, mais rencontrent une résistance inattendue des Mamelouks ralliés aux Anglais. La flotte française est détruite. Après une autre campagne en Syrie, Napoléon décide de rentrer en France... Mais le côté positif de cette cuisante défaite (il faut toujours le voir), c'es que cent soixante-dix savants y ont participé., et rentrent avec des objets égyptiens, mais surtout des dessins et relevés. Leurs découvertes passionnent les Français et stimulent l’égyptomanie qui met l'Egypte et l'exotisme à l'honneur. 

 

La troisième partie de l'exposition se concentre sur les années 1799-1804 et "La République de Napoléon". Celui-ci, alors Premier consul après son coup d'Etat, mène une politique de rassemblement assez inédite: des prisonniers politiques sont graciés, on revient au fondement de l’égalitarisme républicain, le Concordat est signé avec le pape, mettant ainsi fin au conflit entre la France et le Saint-Siège. Le Consulat correspond aussi à la fondation d'une France qui se veut moderne: création de la Banque de France, du corps préfectoral, du Code civil, de la Légion d’honneur, des lycées ou encore du Conseil d’État (rien que ça). Ces réformes s’accompagnent d’un nouveau coup d’éclat militaire (encore un!) avec la victoire de Marengo le 14 juin 1800, ce qui accentue encore la popularité du Premier consul. Deux ans plus tard, il décide d'apporter la paix en signant avec l’Angleterre le traité d’Amiens, qui marque une pause dans l’affrontement séculaire entre les deux nations qui règne tout de même depuis Louis XIV. Tout cela lui vaut d'être nommé consul à vie. Précisons toutefois qu'en dépit de sa modernité, le Consulat est un régime contrasté et comprend des mesures régressives comme le rétablissement de l'esclavage. 

 

La quatrième partie de l'exposition se concentrera sur le thème du sacre et du faste de cour. Les dernières années du Consulat voient encore se consolider le rôle de l'executif puisque Napoléon se fait désigner empereur (titre choisi pour se distinguer des rois) le 18 mai 1804. Malgré ses bonnes volontés, Napoléon finira, à partir de 1810, par négliger les libertés et instaurer un régime autoritaire...

Quant à la cinquième partie de l'exposition, elle évoquera "L'Empereur, les impératrices, le roi de Rome". On le sait, Napoléon épouse sa Joséphine, l'une des personnes dont il sera le plus proche, le 9 mars 1796. Ombre au tableau, quand on est empereur, on doit céder à la raison d'Etat même lorsque l'on est transi d'amour. Et Joséphine ne peut malheureusement pas avoir d'enfant, ce qui, quand on est à la tête d'un empire dont la solidité repose sur le caractère héréditaire, pose un petit problème de succession... Le pauvre Napoléon doit donc se séparer de sa femme en 1809, pour se reporter sur la fille de l'empereur François d'Autriche, Marie-Louise, qui elle lui donne l'héritier tant attendu le 20 mars 1811. Le petit est titré dès sa naissance de "roi de Rome" (joli surnom pour les copains). Napoléon a également eu des maîtreses, dont l'une des plus connues est une certaine comtesse polonaise, Marie Walewska, rencontrée à Varsovie et qui lui donnera également un fils (pas roi de Rome celui-ci), Alexandre Walewski. 

 

La suite de l'exposition présente Napoléon sous son jour le plus connu: le "chef de guerre". Demeuré l'un des plus grands stratèges de tous les temps, son nom, sa silhouette, les pas de sa Grande armée et ses victoires font écho aux gloires militaires de la France. Pendant quinze ans, son talent lui confère un avantage certain sur ses adversaires prussiens autrichiens, russes ou espagnols, un peu dépassé par sa vision novatrice de la guerre. L'armée ressort renforcée de son commandement, et devient la plus puissante d'Europe. Napoléon remporte alors des victoires majeures bien connues: à Rivoli (1797), aux Pyramides (1798), à Iena (1806), à Friedland (1807), et à Wagram (1809). Quand on vous disait que vous alliez revoir votre urbanisme parisien... 

 

Ensuite, place à "Napoléon et l'Europe"! Sa conquête est rythmée par des batailles décisives. Ainsi en 1805 Napoléon soumet-il l'Autriche à Austerlitz, en 1806 la Prusse à Iena, en 1807 la Russie à Friedland... Le voilà donc maître de l'Europe. Pour contrôler ce territoire tout de même assez vaste, il place à la tête d'Etats stratégiques ses soeurs, frères et même le fils de Joséphine - qui a quand même été mère lors de son premier mariage. Même si avoir une famille nombreuse paraît très pratique, ne nous leurrons pas: ils n'ont qu'un pouvoir limité par la centralisation impériale, et ne sont que des "super préfets" pour l'Empereur. Plus tard, on le sait, même si l'Empire apporte des bénéfices de la Révolution dans les pays conquis et soumis, la domination française provoquera un fort ressentiment qui se retournera vite contre Bonaparte dès que sa puissance s'amenuisera. 

 

Et, parce que tout soleil se couche, la huitième partie de l'exposition sera dédiée au "déclin" de Napoléon. En effet, à partir de 1808, les campagnes militaires sont de plus en plus coûteuses en hommes et de moins en moins décisives. Même si Napoléon remporte encore de grandes victoires, notamment à la Moskowa,  l’époque des triomphes à la manière d’Austerlitz est désormais révolue. La position hégémonique de la France en Europe commence à titiller les autres grandes puissances. Britanniques, Russes, Autrichiens et Prussiens affrontent les Français et leurs alliés dans de grandes batailles. Si Napoléon fait preuve d’une supériorité tactique et stratégique, l’accumulation des campagnes et des combats affaiblit son armée qui est finalement décimée décimée en Espagne (1808-1814) et en Russie (1812).

 

L'exposition se clôt sur "Les derniers feux" (1815). En avril 1815, Napoléon est exilé au large de la Toscane, sur l'île d'Elbe. Il rentre rapidement en France et débarque près de Cannes, à Golfe-Juan, menant une troupe de mille hommes. Il rallie vite Paris, où il reprend le pouvoir... Mais son succès provoque l'hostilité des puissances européennes qui mobilisent leurs troupes. Le 15 juin 1815, Napoléon décide (mauvaise idée) d'attaquer les Britanniques et les Prussiens dans l'actuelle Belgique... Trois jours plus tard, son armée est vaincuée à Waterloo. Napoléon quitte donc le pouvoir une deuxième fois, les Anglais souhaitent l'éloigner pour de bon et choisissent une île perdue dans l'Atlantique Sud, l'île de Sainte-Hélène, où Napoléon passe les six dernières années de sa vie, captif dans une maison nommée Longwood et entouré de quelques irréductibles fidèles. Malade et diminué, il meurt à 51 ans le 5 mai 1821. Son décès ne provoque d'abord que peu de réactions en Europe, et il faut attendre 1823 et la publication du récit de son exil par le comte de Las Cases pour que Napoléon retrouve sa popularité. En 1840, le roi Louis-Philippe fait rapatrier les cendres de l'ancien Empereur à Paris, où il respose encore aujourd'hui, à l'hôtel des Invalides. 

 

Pour vous inscrire dès maintenant à nos visites guidées de l'exposition Napoléon à La Villette, rendez-vous sur le site www.desmotsetdesarts.com !

Et en attendant les visites guidées, et pour préparer cette exposition, retrouvez notre cycle de 6 conférences sur "Napoléon et les arts" !

- jeudi 8 avril à 18h : Napoléon et l’égypte : du désastre à la légende

Jeudi 15 avril à 18h : Les portraits de Napoléon : de David à Delaroche

jeudi 6 mai à 18h : La peinture sous Napoléon : au service du pouvoir

Jeudi 13 mai à 18h : Napoléon et les arts décoratifs : opulence et symboles

Jeudi 20 mai à 18h : Les résidences de l’Empereur : de la Malmaison aux Tuileries

Jeudi 27 mai à 18h : Napoléon et Paris : de la méfiance à la gloire

Nous avons hâte de vous y retrouver !