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Les rendez-vous culturels chaque semaine

"L'art est fait pour troubler» G. BRAQUE

Préparer une école d'art aime rencontrer de nouveaux talents ! Entretien avec Des mots et des arts une agence pas comme les autres.

Préparer une école d'art aime rencontrer de nouveaux talents ! Entretien avec Des mots et des arts une agence pas comme les autres.

1.    Pouvez-vous présenter votre structure ? Comment est née l'idée de votre entreprise et quel en est l'objectif ? Des Mots et Des Arts est une agence de médiation culturelle. Avec notre équipe d’historiens de l’art spécialisés, nous proposons tout au long de l’année des visites guidées dans Paris, des cours d’histoire de l’art et des soirées artistiques. L’ensemble de nos activités est proposé au grand public, aux entreprises et aux institutions. L’idée de ce projet est née de la volonté de mettre en relation des historiens de l’art spécialisés avec le grand public afin de donner des clés de lecture dans la découverte des œuvres d’art.

2.    Que vous inspire cette citation ? Si l'on reprend cette idée de « troubler »,  qu’entendez-vous par là ? Êtes-vous d’accord avec ce point de vue ? 
Cette vision est très juste. On peut l’entendre de deux manière différente : le trouble du spectateur face à l’œuvre, ou bien le trouble souhaité par l’artiste. Dans le premier cas, le spectateur pourra être « troublé » par la beauté ou la laideur de l’œuvre, par l’interrogation qu’elle va susciter en lui (pourquoi cette œuvre me met-elle mal à l’aise ? Qu’a voulu dire l’artiste ?). Un spectateur troublé est un spectateur intéressé.Dans le deuxième cas, il s’agit de créer une œuvre qui va volontairement troubler. Troubler notre perception de la réalité par exemple. Lorsque Braque et Picasso se lancent dans l’aventure cubiste, il s’agit bien de montrer une « autre réalité ». Tous deux nous convient à voir autrement notre quotidien. Ce trouble, cette ouverture sur le monde, nous invitent à prendre un certain recul sur notre perception, à ne pas nécessairement croire ce que l’on voit. Tout est une question de point de vue.

3.    Troubler est-ce nécessairement provoquer ? 
Non bien entendu, troubler peut s’entendre de bien des manières différentes. Vous pouvez être « troublé » à la vue d’une personne, sans pour autant qu’elle soit choquante. En art c’est la même chose. Il me semble que le trouble vient d’une chose qui nous est étrangement familière, sans que l’on sache l’expliquer.

4.   Pourriez-vous citer un/ou plusieurs artistes(s)/œuvre(s) qui selon vous illustrent le mieux cette citation ?
L’artiste qui me vient en tête est celui sur lequel j’ai travaillé à l’université : Richard Purdy. Il s’agit d’un artiste canadien travaillant sur notre perception de la réalité, et de l’Histoire. A travers l’usage de la fiction, c’est à dire l’imitation du réel et son instrumentalisation, l’artiste nous invite en effet à remettre en question notre expérience humaine. L’installation qui m’avait amenée à travailler sur lui consistait en une salle d’exposition dont le sol était recouvert d’eau.  Les visiteurs la traversaient sur des planches de bois, au risque de tomber dedans. Sur les murs, étaient accrochés des tableaux imitant un âge oublié de la peinture (portraits semblant dater d’un Moyen-Age tardif et de la Renaissance).En marchant, l’eau, qui reflétait ces œuvres à l’envers, se troublait. Nous avions ainsi face à nous, sur les murs, des œuvres accrochées dans un sens conventionnel, avec une lecture conventionnelle. Au sol, en revanche, cette « réalité » se renversait, nous invitait à regarder les œuvres autrement.

5.    Vigée le brun et sa marie Antoinette en robe de coton, tableau qui du être immédiatement retiré de la vue au public car jugé provoquant. En quoi cette artiste est selon vous troublante ou provocante ?
Il me semble difficile de comprendre avec notre regard d’aujourd’hui en quoi cette artiste fut provocante. Il se trouve que c’est une femme peintre, ce qui est déjà remarquable pour l’époque, et qu’elle est la peintre officielle de Marie-Antoinette, dont on connaît la vie sulfureuse et le destin funeste. Elle semble être très à l’aise en société, elle tient facilement une discussion, elle est une femme libre en quelque sorte. Vigée Le Brun peut en effet se vanter d’avoir gagner sa fortune grâce à son seul talent. Si cette artiste me trouble, ce n’est pas pour son tableau de Marie-Antoinette en robe de coton, mais plutôt pour ses dons de coloristes et sa grande maîtrise de la peinture.

6.     Quelle serait votre citation « guid line » ?
« Éveiller l’âme, tel est, dit-on, le but final de l’art ! » Hegel.

Edwigne Witvoet
www.preparer-une-ecole-d'art.com
www.edwige-art.com